Ressource en eau potable et pollutions de la nappe phréatique

 

Qu’est-ce que l’eau potable ?

L’eau est dite « potable » lorsqu’elle répond à un certain nombre de critères la rendant propre à la consommation humaine. Pour les pays membres de l’Union Européenne, ces critères sont fixés par une directive européenne.

Ces critères concernent plusieurs points de contrôle : l’absence de bactéries, les teneurs en minéraux, les teneurs en polluants (nitrates, résidus de produits chimiques…), et des critères physico-chimiques (pH, température…).

Lorsque l’eau est conforme aux exigences européennes, elle peut être mise en distribution. Dans le cas contraire, elle doit subir une ou plusieurs opérations de traitement pour pouvoir être distribuée. Au SEPASE, toute l’eau distribuée est conforme aux normes européennes, elle est donc potable. Vous pouvez le vérifier en téléchargeant les analyses d’eau réalisées régulièrement par l’Agence Régionale de Santé (ARS) sur l’onglet « L’eau potable/Usée », rubrique « la qualité de l’eau ».

 

D’où vient-elle ?

L’eau distribuée par le SEPASE provient d’une énorme masse d’eau contenue dans le sous-sol, c’est ce que l’on appelle la nappe d’eau souterraine. Dans l’Eure, cette eau est contenue dans les pores et les fissures de la craie, cette puissante formation calcaire qui repose sous nos pieds.

Pour prélever l’eau souterraine, des puits ont été réalisés, parfois profonds de plusieurs dizaines de mètres, pour atteindre la partie où la craie est complètement saturée en eau. Lorsque ces puits sont spécialement et uniquement créés pour prélever de l’eau et la distribuer aux habitants, on parle de captages.

Pour alimenter les habitants du SEPASE, 9 captages d’eau potable prélèvent actuellement l’eau souterraine, via des pompes. Elle est ensuite stockée dans différents châteaux d’eau, avant d’être acheminée vers chaque habitation par des canalisations.

Ainsi, chaque année, plus de 1 200 000m3 d’eau potable sont distribués aux 11 500 abonnés du syndicat.

 

Des pollutions qui pèsent sur la ressource

De façon générale, toute activité exercée à la surface de la terre et utilisant de l’eau peut avoir une répercussion sur la qualité de la ressource en eau.

Sur les 9 captages exploités par le SEPASE, 4 souffrent de problèmes de pollution. Les pollutions observées sont des pollutions aux nitrates ou des pollutions dues à des substances chimiques.

 

1.     Qu’est-ce que la pollution par les nitrates ?

Les nitrates sont des molécules azotées. Ils sont naturellement produits dans les sols par la dégradation de la matière organique par des microorganismes. Ils sont donc présents naturellement en faible quantité dans les eaux souterraines : autour de 5 à 15 mg/L sous des forêts par exemple.

La réglementation impose que les eaux distribuées aux consommateurs contiennent moins de 50 mg/L de nitrates. Sur les 4 captages du SEPASE concernés par la pollution aux nitrates, 2 dépassent ce seuil et deux en sont très proche.

Les excès de nitrates constatés aujourd’hui dans les eaux souterraines ont plusieurs origines :

Les nitrates sont produits en grande quantité dans les dispositifs d’assainissement collectifs ou individuels. Une fuite depuis la fosse septique d’un particulier ou le mauvais fonctionnement d’une station d’épuration entraînent des pollutions non négligeables.

Les nitrates sont la principale source d’alimentation des végétaux et notamment des végétaux cultivés pour l’alimentation humaine et animale. Des engrais de synthèse contenant des nitrates sont donc apportés sur les parcelles cultivées chaque année. Lorsque la fertilisation est mal maîtrisée, une partie des nitrates apportés et non consommés par les plantes peut être entraînée par les pluies vers la nappe phréatique.

 

2.     Qu’est-ce que la pollution par des substances chimiques ?

Les substances chimiques que nous pouvons retrouver dans l’eau sont de diverses natures :

  • Pesticides utilisés par l’agriculture, par les paysagistes, les jardiniers amateurs, etc…
  • Résidus de produits utilisés ou fabriqués par les industries,
  • Résidus de médicaments, …

La norme admise par l’Union Européenne pour l’eau potable est de 0.1µg de matière active/L, le total de l’ensemble des matières actives ne devant pas dépasser les 0.5µg de matières actives/L.

Une pollution de 0.1µg de matière active par litre d’eau correspond à l’équivalent du contenu d’un bouchon de « stylo bic » de produit dans un fossé de 10 km de long !

 

Pollution-fosse

source : site internet ville de Kingersheim

Dans les masses d’eau exploitées par le SEPASE, peu de pollution chimique est enregistrée. Quelques molécules sont détectées en très faible quantité, bien en dessous de la limite de potabilité.

Ces molécules sont en majorité des pesticides utilisés par les jardiniers amateurs, pour l’entretien et le désherbage des espaces verts ou de la voirie, et en agriculture. Pour les particuliers et les professionnels non-agricoles, la législation tend à limiter leur usage, voire à l’interdire. La loi Labbé de 2014 vise ainsi à mieux encadrer l'utilisation des produits phytosanitaires en France. Cette même loi impose également de ne plus utiliser de pesticides dans les collectivités, d’ici le 1er janvier 2020 et pour un usage non-professionnel, d’ici le 1er janvier 2022.

 

3.     Pollution ponctuelle, pollution diffuse

Les pollutions par les nitrates et par les substances chimiques ne surviennent pas de la même façon !

 

Schema-pollutions-aquifere.jpg

Deux « mécanismes » conduisent à la pollution de la ressource en eau :

  • Les pollutions ponctuelles ou accidentelles :

Une pollution ponctuelle correspond à un épisode de pollution court et localisé dans l’espace. Pour mieux comprendre, voici un exemple :

Sous nos pieds, le sous-sol est composé de craie. Ce sous-sol comporte par endroit des « puits naturels », appelés bétoires, qui mettent en contact direct la surface de la terre avec la nappe phréatique en profondeur.

Il suffit d’une forte pluie pour qu’un ruissellement se crée et s’engouffre dans ce puits. Toutes les molécules transportées par l’eau se retrouvent très rapidement dans la nappe phréatique : quelques jours plus tard, nous retrouvons les molécules au niveau du captage. La pollution est donc localisée au niveau de la bétoire et limitée dans le temps, à l’épisode pluvieux.

  • Les pollutions diffuses :

Une pollution diffuse est une contamination par une substance provenant d’une multitude de sources dispersées dans l’espace et dans le temps, difficilement identifiables. Ces pollutions arrivent au niveau de la nappe phréatique par ruissellement ou par percolation (passage d’un fluide à travers un milieu plus ou moins perméable) lente à travers les différentes épaisseurs de sol et de sous-sol.

Par exemple, la pollution par les nitrates est une pollution « diffuse » : les nitrates peuvent être d’origine naturelle, agricole ou urbaine. Ils s’infiltrent lentement dans le sol, sous forme dissoute dans les eaux de pluie.


 

La démarche BAC Iton - une démarche de prévention

Il est possible de traiter de l’eau non conforme pour la faire parvenir aux normes de potabilité et donc la rendre potable. Cette eau pourra alors être distribuée pour la consommation humaine et animale, car elle sera saine.

Une usine de dénitrification peut par exemple permettre de diminuer le taux de nitrate de l’eau.

Ces solutions de retraitement sont très coûteuses, c’est pourquoi il est préférable de mettre en place des actions de protection de la ressource en eau !

 

1.     Des débuts à aujourd’hui

En 2009, la loi Grenelle est publiée : elle désigne 500 « captages prioritaires » à protéger en France. Sur ces captages doit être mis en place une stratégie de protection.

Le SEPASE est concerné pour 3 des captages qu’il exploite. Deux autres collectivités proches sont également concernées, ces structures décident donc de se regrouper, pour mettre en place une démarche de protection de la ressource en eau en commun.

La démarche BAC Iton, entreprise en collaboration par la Communauté de Communes du Pays de Conches, le Grand Evreux Agglomération et le Syndicat d’Eau Potable et d’Assainissement collectif du Sud de l’Eure depuis 2009 concrétise cet engagement des trois parties.

La première étape a été de déterminer les périmètres à protéger. C’est ainsi que sont nés les BAC : bassins d’alimentation de captage. Ces bassins d’alimentation sont en fait des zones où « toute goutte d’eau qui tombe sur le sol est susceptible de s’infiltrer et d’arriver au captage ».

 

Schema-delimitation-BAC.jpg

Elles tiennent donc compte de la topographie (relief en surface) et de l’hydrogéologie (science qui étudie l’eau souterraine) du secteur.

 

2.     Le territoire concerné

Le BAC Iton s’étend sur une superficie totale d'environ 700 km² et concerne environ 650 exploitations agricoles, une centaine de communes et d’Etablissements Publics de coopération intercommunale (communautés de communes…). La zone va du sud d'Evreux jusqu'à Breux-sur-Avre au sud, et jusqu’à Conches en Ouches à l'ouest, en passant par Mesnils sur Iton et Breteuil sur Iton.

Le SEPASE est concerné par 4 bassins d’alimentation de captage :

  • Le BAC de Breux-sur-Avre – captage de Breux-sur-Avre,
  • Le BAC des Chérottes – captage de Damville à Mesnils sur Iton
  • Le BAC de Coulonges – captage de Sylvains-les-Moulins,
  • Le BAC des Barrières Rouges – captage de Breteuil

 

Teritoire-bac

Sources : DDTM 27, Geofla IGN 
Réalisation : SEPASE

 

3.     Les programmes d’actions

Une fois les bassins d’alimentation des captages délimités, une animation a été mise en place. La deuxième étape a donc été de faire un état des lieux des risques de pollution sur le territoire (agricole, urbaine, industrielle, domestique, accidentelle…), puis d'élaborer un programme d’actions visant à reconquérir la qualité de l’eau.

Il est évident qu’il n’est pas pertinent de proposer à tous les mêmes actions de protection : ce que peut mettre en place un industriel par exemple ne sera pas forcément pertinent pour les agriculteurs. Il a donc été décidé de réaliser 3 plans d’actions distincts, en ciblant à chaque fois une catégorie d’usagers de l’eau.

  • Le plan d’actions agricole a été construit de façon concertée avec les organismes professionnels agricoles et les agriculteurs. De nombreuses réunions de travail ont eu lieu, ce qui a permis d’aboutir à une liste d’actions bénéfiques pour la ressource en eau. Celles-ci doivent maintenant être mises en œuvre sur les exploitations !
  • Le plan d’action citoyen concerne à la fois les particuliers, les jardiniers amateurs et les collectivités. Un constat fait à l’échelle nationale nous indique que si ces catégories n’utilisent que 10% des produits phytosanitaires, ils sont responsables de 30 à 40% des pollutions enregistrées !
  • Le plan d’action artisanat et industrie. Les actions destinées aux artisans sont conduites  en partenariat avec la Chambre de Métiers et de l’Artisanat. Il vise principalement à sécuriser les stockages de produits dangereux pour la ressource, l’élimination des déchets et les rejets des eaux usées.

 

4.     L’animation aujourd’hui

Que vous soyez élu, citoyen, agriculteur ou artisan, des aides financières et techniques sont aujourd’hui disponibles sur le territoire, pour vous aider dans votre démarche de protection de la ressource. Des aménagements simples peuvent à la fois vous apporter un confort de travail et protéger la ressource en eau. N’hésitez pas à vous renseigner auprès de vos animatrices ou sur notre blog.

Sur le territoire du SEPASE, l’animation est aujourd’hui assurée par 2 animatrices :

  • Pour la partie non-agricole, Mlle Gwénaëlle DUFOUR

Contact : animateur.non-agricole@sepase.fr ou par téléphone : 06 30 62 65 98

  • Pour la partie agricole, Mme Marie GRÉGOIRE

Contact : animateur.agricole@sepase.fr ou par téléphone : 06 72 91 70 08